lundi 23 février 2015

Tictac sans saveur


Les bédéphiles n’ignorent probablement pas les noms du scénariste Patrick Cothias et du dessinateur Norma.
Cothias a écrit quelques albums isolés mais s’est surtout rendu célèbre pour être l’auteur de séries à succès et souvent de longue haleine, en particulier dans des ambiances « historiques » : des 7 Vies de l’Épervier (en cours depuis 1983) au Vent des Dieux (1985-2011) en passant par Les Héros cavaliers (1986-1997) et autre Ninon secrète (1992-2004). Les sagas de la plume de Cothias m’ont parfois tenu en haleine, et parfois laissé sur le bord de la route quand j’avais l’impression d’une manque de renouvellement.

Quant à Norma, il a dessiné dans des genres très éclectiques, du western avec Capitaine Apache (1980-1995) aux explorations maritimes avec Pieter Hoorn (1991-1994), en passant par la nouvelle formule de Pif Gadget (2009). Le trait de Norma – trop chargé, presque trop appliqué – n’a jamais réussi, à lui seul, à soulever mon enthousiasme, même si j’ai pris quelque plaisir à lire Pieter Hoorn ou son adaptation graphique du Bossu (1997) sur un scénario de François Corteggiani.



Patrick Cothias et Norma s’associent à la fin des années 1980 pour produire Les souvenirs de la pendule, une évocation de la vie de Marie-Antoinette, future reine de France. Trois tomes naissent de cette collaboration, aux éditions Glénat, dans la collection Vécu : Schönbrunn (1989, ISBN 2-7234-1013-7), L’étrangère (1989, ISBN 2-7234-1108-7) et La vie de château (1990, ISBN 2-7234-1195-8).

Ces Souvenirs de la pendule s’inscrivent pleinement dans ce que j’ose appeler le « milieu de gamme » qu’offrait dans ces années-là la collection Vécu de Glénat. Des séries avec parfois des albums par dizaine, ancrées dans diverses périodes de notre Histoire, dont certaines d’une très grande qualité graphique et narrative (je pense, par exemple aux Tours de Bois-Maury d’Hermann, ou la première douzaine de tomes des Chemins de Malefosse quand ils étaient encore tracés par le duo Bardet-Dermaut, ou, bien sûr l’excellente Giacomo C de Dufaux et Griffo), d’autres plutôt passe-partout (Marie Tempête de Cothias et Wachs, ou le Pieter Hoorn que j’ai évoqué plus haut), et d’autres tout à fait oubliables – et d’ailleurs très probablement oubliées (comme Attila… mon amour de Mitton et Bonnet).

J’ose comparer cette collection Vécu de Glénat à la collection Grands détectives chez 10|18 : à mes yeux, du très bon, rarement ; du moyen, souvent ; du vraiment pas bon, parfois.


Les souvenirs de la pendule entrent dans la catégorie « oubliables-oubliés ». Dessin parfois si approximatif que j’ai peiné à discerner certains personnages des autres, texte bavard, ambiance gnangnan dans certaines parties et, au contraire, outrancière dans d’autres, mise en couleurs criarde de certaines pages, la lecture de cette trilogie m’a été douloureuse. J’ignore si une suite était prévue à ces trois premiers tomes ; toujours est-il que l’histoire que conte cette trilogie commence dans l’enfance de Marie-Antoinette et s’arrête en 1773, lorsque le déjà-couple-futur-royal arrive à Paris.


Je suis loin d’être un adorateur de Marie-Antoinette, je ne hurle pas « Au bûcher ! » lorsque sa vie fait l’objet d’adaptations déjantées, comme celle de Sofia Coppola, pas plus que je ne me rends en pèlerinage à Versailles pour l’anniversaire de sa mort. Et je ne suis pas nostalgique de la royauté ou de l’Ancien régime en général. Mon ressenti vis-à-vis des Souvenirs de la pendule n’est pas donc pas influencé par ces considérations. Et j’ai parfois des indulgences très subjectives pour des œuvres que d’aucuns jugent avec sévérité. Mais, ici, je n’incline pas à l’indulgence : je n’ai pas aimé. Point.


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2 commentaires:

  1. Comme je constate que l'on a beaucoup de goût en commun concernant les BDs (j'ai presque l'intégralité des Tours de Bois-Maury et de Giacomo C. dans ma bibliothèque :D), je m'abstiendrai de me pencher sur cette trilogie...
    Mais c'est dommage, car j'ai lu quelques autres séries de Cothias et j'avais bien aimé...

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    1. Même les bons auteurs tombent parfois dans la facilité. Le nom de Cothias m'avait attiré vers cette série, mais son nom m'a pas suffi à me faire avaler cette pendule avec le sourire.

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